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Ugo Legrand, le judo comme une seconde nature

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A 23 ans, le sociétaire de l’US Orléans a toutes les cartes en main pour remporter le titre européen vendredi 27 avril à Chelyabinsk, en Russie. Prodige technique, le judoka qui a tout remporté chez les juniors compte bien s’installer comme un des prétendants au titre olympique en –73 kg. Et pourquoi pas le remporter…

Certains athlètes incarnent tellement leur sport qu’on en vient à oublier toutes les heures de souffrance accumulées pour conclure au final qu’il y a dans ces facultés des dons tombés du ciel. C’est le cas d’un Roger Fédérer au tennis ; d’un Nicolas Karabatic au handball. C’est celui d’Ugo Legrand au judo (voir vidéo du Monde). Toute proportion gardée en terme de palmarès, le blondinet d’Orléans dispose d’un panel technique impressionnant. O-soto-gari, uchi-mata et harai-goshi sont ses favorites et il les décline à toutes les sauces, aussi bien à gauche qu’à droite, en cercle, à deux revers ou en garde croisée. Et quand parfois, on le sent en difficulté, il est capable d’enclencher une de ces techniques sorties de nulle part dont il a le secret. Comme ce fabuleux yoko-tomoe-nage (planchette japonaise) qu’il maîtrise à la perfection et qu’il n’a pourtant "jamais travaillé".

En matière de judo, Ugo Legrand sait tout faire. Pour s’en persuader, il n’y a qu’à tendre une oreille attentive aux propos de Teddy Riner à l’endroit de son pote en équipe de France : "Ugo, c’est le judo à l’état pur. J’adore son style. Vous verrez, un jour, il sera champion du monde ou champion olympique. Peut-être même les deux", avance le quintuple champion du monde des lourds qui s’étonne pourtant que son camarade n’en ai pas déjà un à son actif. "Parfois, quand je parle avec lui, je sens qu’il est un peu déçu, reconnaît Ugo Legrand. Mais il domine tellement la planète judo, il a un parcours si atypique que c’est difficile de suivre. Lui, il ne perd jamais et on se demande où il va s’arrêter !"

Si la star du judo tricolore ne tarit jamais d’éloges envers Ugo Legrand, c’est que les deux compères ont toujours évolué ensemble. Même âge (Ils sont nés en 1989), appelés dès les cadets à défendre les couleurs de la France, promis tous les deux à régner sur leurs catégories respectives (–73 kg et + 100 kg)… ils ont un destin en commun. Surtout depuis qu’aux championnats du monde junior en 2008, à Bangkok en Thaïlande, les deux athlètes ont remporté haut la main l’épreuve. Auréolé de son premier titre mondial senior à Rio en 2007, Riner survolait un championnat sans adversaire à sa taille. Champion d’Europe junior quelques mois plus tôt, Legrand faisait le spectacle en collant des mouvements d’anthologie à tous ses adversaires… La suite, on la connaît. Tandis que le premier titillait les étoiles au Panthéon du judo, le second s’installait tranquillement dans la catégorie dantesque des –73 kg, détenue en France par son ami Benjamin Darbelet (vice-champion olympique à Pékin en –66 kg).

Longtemps au coude-à-coude, les deux athlètes se sont finalement départagés lors des championnats du monde à Paris dans ce qui restera un modèle d’adversité entre les deux Français. C’était le 24 août 2011. Après avoir écarté de sa route le réputé "imbattable" Coréen Wang Ki-Chun sur un splendide uchi-mata en 15 secondes, le titre semblait à sa portée. Mais c’était oublier l’inusable Néerlandais Dex Elmont qui remportait la demi-finale très serrée sur décision.

Abattu, inconsolable dans la salle d’échauffement, Ugo Legrand avait finalement trouvé les ressources nécessaires pour aller chercher le bronze face au Kazakh Rinat Ibragimov grâce à l’intervention de Benjamin Darbelet. "J’étais en pleurs, au fond du trou. Lui, il avait perdu dès le premier tour et pourtant, il est venu me remotiver. Son comportement était très digne. Je ne l’oublierai jamais, se souvient Ugo Legrand. Après, on a le même objectif : faire les JO de Londres. Et il faut bien qu’on se départage. Ce qui est formidable, c’est que notre rivalité soit en adéquation avec les valeurs du judo."

Politesse, respect, contrôle de soi, amitié… les "valeurs du judo", Ugo Legrand les a intégrées tout petit, lors même qu’il marchait à peine. Rien d’étonnant dans une famille où l’on est prof de judo de père en fils à Grand-Quevilly. Nichée dans la banlieue Rouennaise (Seine-Maritime), cette commune de 25000 âmes est connue pour être le fief d’un certain Laurent Fabius, éléphant du Parti socialiste ; mais aussi celui du judo grâce aux Legrand. "Mon arrière grand-père était un champion de lutte gréco-romaine dans les années 20. Il sillonnait les pays du monde dans une baraque foraine pour faire des démonstrations. Mon grand-père a ensuite appris le judo au Maroc avec Henri Courtine (actuellement 10e dan). Quand il est revenu en France, il a monté son propre club dans le sous-sol de son pavillon à Grand-Quevilly… un projet fou, raconte Ugo Legrand. Aujourd’hui, c’est le club phare de la région dirigé par mon père Rodolphe et mon frère Paco. C’est un peu mon second chez moi, le lieu où tout a commencé."

Depuis que le "petit dernier" de la famille est international, la famille Legrand vit plus que jamais judo et se déplace dès qu’elle le peut. "Mais on a une règle d’or, on parle de tout, sauf de judo à la maison. Même chez moi, à Champigny-sur-Marne, j’évite le sujet avec ma copine, assure l’athlète." Dès qu’il a un moment, il flâne dans les rues de Paris, une ville qu’il "adore" pour ses rues pleines de mystères, d’élégance et ses restaurants à foison. Et quand il n’est pas en déplacement avec ses collègues de l’équipe de France, c’est avec sa copine qu’il aime voyager

Depuis 2006, le judoka est licencié à l’US Orléans, le club mythique du judo français désormais devancé par les grandes écuries parisiennes (Levallois, ACBB…). Là-bas, il trouve en la personne de Daniel Fernandes, vice-champion du monde à Osaka en 2003, l’entraîneur le plus à même de faire évoluer sa technique. "Nos judos sont très proches. Nous privilégions le travail en cercle et je sens que je progresse à ses côtés." Depuis sa troisième place aux championnats du monde à Paris et le titre mondial par équipe qui a suivi dans la foulée, Ugo Legrand a encore engrangé du capital confiance. Lui qui n’en manquait déjà pas. "Depuis que je fais de la compétition, j’ai toujours eu un mental d’acier. Ça m’excite de prendre les plus forts. Ma seule obsession, c’est de battre les meilleurs."

Jamais aussi performant qu’en championnat, le jeune athlète accuse pourtant une baisse de régime lors des tournois, l’occasion pour lui "d’une prise d’informations". Récemment, au tournoi de Düsseldorf, il a rencontré une nouvelle fois le Coréen Wang qui s’est imposé d’une pénalité. De bon augure avant d’entamer la préparation pour Londres. Et dans l’optique de cette dernière il se verrait bien remporter le titre européen pour suivre les chemins de traverse de son illustre ami Teddy Riner. "Lui, il a pris une autoroute, moi je prends des nationales, sourit Ugo Legrand. Mais au final, nos objectifs sont les mêmes." Et on le croit fin prêt à décrocher ces titres prestigieux, habitué qu’il est à faire tomber les têtes de série.

Florent Bouteiller


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